La perplexité est de mise ce matin au petit-déjeuner : c'est
certainement le plus asiatique que nous ayons rencontré jusqu'ici et c'est pas
asiatique facile. Non, c'est asiatique... niveau intermédiaire. Avec saucisses
vapeur, beignets de crevettes, thé avec glaçons, riz et nouilles sautées, jus
de fruits bourrés de glaçons... Comme ça, ça sonne bien mais quand tu essaies
de préserver tes intestins, tes options sont quand même réduites.

 

A 8h30, on retrouve la guide et on quitte l'hôtel pour le centre
ville. La ville de Chau Doc, qui est assez petite en fait (110 000 habitants
environ), tire sa force de sa position frontalière avec le Cambodge. Grosso
modo, d'un côté du Mekong, il y a les Cambodgiens sur des maisons flottantes,
et de l'autre, il y a les Vietnamiens dans des maisons en dur. et tout ce petit
monde coexiste plus ou moins en harmonie. Les gens ici sont spécialisés dans la
pisciculture du poisson chat (ou panga) qu'ils exportent principalement vers le
Japon, la Chine et l'Europe. Mine de rien, à 1 euro le kilo (ou le panga), ça
monte très vite. A voir après pour les conditions d'élevage...

 

Nous partons ensuite pour la ville de Long Xujen, encore plus petite,
dont on visite le marché et le centre ville rapidement. Ici aussi, la
circulation est intense mais en apparence un peu moins chaotique qu à Chau Doc.
Il y a moins de klaxons en tout cas. Dahn nous abreuve d information sur la
région, quitte à se répéter de temps en temps. C'est très intéressant mais difficile
de tout retenir. On est passé dun extrême à lautre par rapport à Parinan !
Impossible de larrêter celle-ci ! Et ce n'était que le début...

 

Après Long Xujen, direction une ferme d'élevage de crocodiles. Si, si,
de crocodiles ! On les y élève, les tue, les mange, les dépèce et les vend sous
des formes diverses et.... et dit comme ça, c'est absolument sordide mais c'est
bien ce que s'y passe. On a pas osé goûter (quoique j'aurais bien vérifié
l'assomption d'Obélix comme quoi c'est filandreux) mais on en a vu et bon Dieu,
ils étaient sacrément nombreux ! La plupart dormait, entassés les uns sur les
autres et t'as vraiment pas envie de t'approcher. Ils ont un regard assez
inquiétant.

 

A midi, on a donc opté pour des plats traditionnels vietnamiens :
soupe de crabes, poisson au caramel, poulet au lait de coco, poisson frit à
l'orange. On était bien pleins à la fin ! Mais on a digéré en se tapant des
fous rires. La palme revient à Seb qui ré-invente le slogan de "En route
vers l'aventure" : de "Baaaaangaaaa", on passe à Paaanga (le
poisson chat) en route vers l'aveeeeenture". Pas le même genre d'aventures
par contre si vous voyez ce que je veux dire.

 

Après manger, on reprend la route pou aller à Can Tho. C'est là que
vit la famille chez laquelle on dort et qui organise la cérémonie de mariage
vietnamien pour nous. On y arrive sous des trombes d'eau mais heureusement ça
se calme quelques minutes, juste le temps de débarquer les affaires. La maison
est très mignonne avec un système de bungalow en bambous qui donnent sur une
cour commune remplie de plantes et de fleurs et parcourue par un petit plan
d'eau. On essaie ensuite les costumes de mariage. Aucun problème pour Seb mais
je ne parviens pas à rentrer dans le mien, du coup, il faut aller chercher la
taille au dessus.

 

A
u final, il pleut tellement que la cérémonie est repoussée au lendemain
matin après la visite du marché flottant. En attendant, l'après midi est
consacré à de la lecture. A 18h, la
pluie a cessé et le diner s'organise dans la maison. La maîtresse de maison
nous convie à participer et sous nos yeux concentrés et attentifs, prépare nems
et crêpes vietnamiennes avec une expertise certaine. Vient ensuite notre tour.
Merci Maman de nous avoir appris à rouler des nems ! On ne s'en sort pas trop
mal ma foi et vient le moment de la dégustation. Je croyais qu'on préparait
pour toute la famille mais non, c'était juste pour nous ! Et ce n'est pas tout,
un véritable festin nous attend à notre table, en plus de ce que nous avons préparé.
Tout est délicieux ! Peut-être le meilleur repas que l'on ait fait jusqu'ici.

 


Avec la tombée de la nuit survient néanmoins une question : comment
allons-nous réussir à dormir ? Ca paraît fou mais on est presque plus au milieu
de la faune sauvage ici qu'au Laos dans le village Kamu ! Bon, y a les
moustiques et autres insectes volants plus ou moins gros bien sûr mais Seb a
également vu un gros rat se faufiler dans notre chambre (j'en frémis) et je ne
sais pas ce qu'il y a dans ce plan d'eau sous notre bungalow mais au bruit que
ça fait quand ça brise la surface, ça doit quand même être assez gros...
Ajoutez à ceci le vacarme ambiant. Des voitures ? Que nenni, non ! Ca fait des
heures que je m'interroge sur ce bruit depuis que la pluie a commencé à tomber
et je ne parviens toujours pas à déterminer s'il est d'origine mécanique ou
animale. Ca ressemble au son de la vache mais en même temps, ça a la régularité
d'une balançoire en train de... ben de se balancer quoi. Au final, c'est la
guide qui nous a donné la solution : des grenouilles ! Des p**** de grenouilles
!! Et y en a pour toute la nuit apparemment. Dieu du ciel. Et c'était pas fini
car une fois au lit, bien à l'abri de la moustiquaire (du moins en théorie) et
lumière éteinte, les aboiements des chiens et donc ces bruits dans l'eau en
dessous de nous se sont ajoutés. J'ai cru que j'allais pas fermer l'oeil... Ca
augure d'une nuit reposante.