Oh oui, il fallait bien ça pour réparer nos petits corps fragiles et
déjà abîmés. Je me réveille avec une faim de loup, c'est bon signe. Et le petit
déjeuner est gargantuesque : un looong buffet où on trouve presque de tout : viennoiseries,
lait, céréales et toasts, pancakes, saucisses, beignets fris (si si), brioches
fourrées, riz blanc, légumes cuits, fruits frais. Je blinde mon assiette
pendant que Seb, prudent, s'en remet à un rassurant café/viennoiseries.

 


A 9h45, départ pour le palais impérial sous un soleil à faire tomber
les mouches. Ca commence à sérieusement à concurrencer la chaleur sévillane ! Je
regrette d'avoir oublié ma casquette, Seb tire déjà la langue. Le palais en
lui-même est très beau mais, et maintenant que j'ai remarqué, je ne vois plus
que ça, rien n'est fait pour mettre l'histoire du bâtiment en valeur. Certes, à
l'entrée, des guides "officiels" attendent le client et offrent une
info essentielle mais quand tu ne veux pas de guide, ben tu es tout de même un
peu frustré. Il n'y a rien, pas de panneau, rien ! On a essayé de coller au
train d'un groupe espagnol pour capter des choses mais ça prenait trop de temps
donc on en a été réduits à l'observation et à la déduction.

 



A la sortie, on jette un coup d'oeil rapide à une expo de palanquins
royaux. Je suis outrée par la différence entre le palanquin du roi et celui de
la reine ; et assez amusée par un panneau louant la spiritualité du roi actuel,
propagateur de la foi bouddhiste dans le monde et qui de ce fait qui se voit
décerner un titre honorifique de nia nia nia. On croirait lire la bulle
pontificale décernant le titre de rois catholiques à Isabelle de Castille et
Ferdinand d'Aragon...

 


Avant de rentrer à l'hôtel, nous traversons un petit marché.
Seigneur... même moi, j'en ai eu le coeur soulevé. Des carcasses de... de je ne
sais pas trop quoi d'ailleurs s'entassent en plein soleil, ou sont suspendues à
des crochets, les poissons sont grossièrement découpés, gisent parfois dans de
petites flaques de sang, des grenouilles dépecées ici ; des gants poisseux de
sang dans une bassine remplie d'entrailles là... Bon bien évidemment il y a les
étals inoffensifs et traditionnels de légumes et fruits, fleurs, offrandes et
produits en plastoc importés de Chine. Mais le spectacle est tout de même
saisissant. Seb est tout pâle...

 


A midi, c'est l'heure du check out de l'hôtel. Comme pour saluer notre
départ de la chambre, un cafard est tombé du ciel (ou plus exactement de la
ventilation) juste devant Seb à la grande horreur de ce dernier. On essaie
d'être à l'heure mais le chauffeur qui doit nous emmener à l'embarcadère se
fait attendre. Tellement qu'on commence à s'inquiéter mais en fait, il s'est
gouré d'hôtel... Malin.

Cela dit l'embarcadère n'était vraiment pas loin.

 

Et c'est là que le spectre du début du voyage nous a rattrapés. Le mec
au guichet de la compagnie de bateaux regarde nos passeports, fronce les
sourcils et déclare : "You have a problem". Oh punaise... Ca faisait
longtemps. En fait, le problème, c'est qu'une fois que tu as obtenu l'entrée au
Vietnam, tu ne peux plus refaire de demande avant un mois. A l'origine, ça ne
nous aurait pas causé de problème mais depuis, avec le changement de vols, on a
déjà passé une nuit au Vietnam avant de repartir et techniquement, on devrait donc
attendre encore plus de deux semaines avant de pouvoir re-rentrer.

J'ai envie de pleurer et je pense que Seb aussi. Il tente vainement
d'appeler l'agence, nos contacts locaux, rien ne marche.

Finalement, les gars de la compagnie de transport nous disent qu'il nous
faut un visa en bonne et due forme, qu'ils vont nous l'obtenir (ils ont appelé
le poste frontière) mais qu'il faut allonger la monnaie : 98 dollars chacun !
Sur le moment, on était tellement contents d'avoir une porte de sortie qu'on a
certes été choqués mais on a pas protesté. On a mieux compris où allait
l'argent à la vue des postes frontières où ça sent la corruption à deux
kilomètres. Les mecs n'ont pas l'air d'avoir grand chose à faire.

 


Fin bref, on a pris notre bateau. J'ai à nouveau eu un peu envie de
pleurer en le voyant car il était très petit. C'était un peu comme un bus mais
sur l'eau, très étroit avec des sièges très raides. Et il y en a pour 4h de
route... On a pris notre mal en patience en lisant et en écoutant de la
musique. AU final, ç a duré moins longtemps que je ne craignais.

 

A Chau Doc, une femme vietnamienne, Danh, nous récupère et nous
conduit à l'hôtel. On s'y pose une petite heure avant de repartir dîner.

Mais
c'est définitivement pas une journée faste. Malgré nos efforts, impossible de
trouver un restau viet avec une salle fermée. Pourquoi fermée ? Parce que la
circulation et le bruit et l'odeur qui vont avec sont tels que dîner en plein
air n'est tout simplement pas envisageable. On est contraints de se rabattre
sur une pizzeria... Une pizzeria ! J'ai la haine, surtout que les pizzas se
sont avérées surgelées et que soit on s'est foutu de moi, soit les Viets n'ont
pas la même définition de la pizza calzone qu'en Europe. Pour couronner le
tout, au moment de payer (en dollars et non en dong), un serveur tente de
calculer le total en dollars, fronce le sourcil en voyant mon billet de 20 et
brandit sa calculette qui affiche un... 400 ! 400 dollars et ça ne le choque
même pas ! Seb prend les choses en main et fait le calcul devant lui. Non mais
alors !

 

On rentre à l'hôtel un peu dépités. Pas terrible cette journée...